La démence est devenue un problème de santé cognitive courant dans le monde entier. Aujourd’hui, on compte environ 55 millions de personnes atteintes de démence et, selon l’ Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 10 millions de nouveaux cas sont signalés chaque année. La démence est classée par l’OMS comme la septième cause de décès dans le monde. Depuis des décennies, les chercheurs s’efforcent d’en savoir plus sur les causes de cette triste maladie débilitante, afin d’aider les gens à réduire le risque de développer une démence au cours de leur vieillesse. Des recherches récentes montrent qu’il existe un lien entre l’heure du coucher et le risque de démence, ainsi qu’entre le fait de dormir régulièrement plus de huit heures.
Quel est le lien entre l’heure du coucher et le risque de démence ?
Cette étude récente, publiée dans le Journal of the American Geriatrics Society, a été menée par des chercheurs associés à des universités et des départements de recherche médicale en Chine, en Suède et au Royaume-Uni. Les chercheurs ont utilisé une étude de cohorte basée sur la population, axée sur les personnes âgées de 60 ans et plus vivant en milieu rural dans la province occidentale de Shandong, en Chine. Cette étude est importante pour de nombreuses raisons, bien sûr, mais elle offre notamment une perspective différente de celle des études précédentes, qui étaient davantage axées sur les populations urbaines d’Amérique du Nord et d’Europe.
Avec leur mode de vie plus rural, les habitants de la partie occidentale de la province de Shandong ont tendance à se coucher plus tôt le soir et à se lever plus tôt le matin, ce qui offre un contraste intéressant et utile par rapport aux études qui se concentrent sur une population plus urbaine. D’autres recherches menées en Chine ont montré que dans ce pays à la population considérable, les zones rurales présentaient des taux de démence plus élevés que les zones plus urbaines, où les gens ont tendance à se coucher plus tard. Il est intéressant de noter que dans l’étude portant sur la province occidentale de Shandong, les chercheurs ont signalé que les personnes âgées avaient une qualité de sommeil inférieure à celle des populations urbaines comparables de leur groupe d’âge.
Dans leur étude de cohorte de Shandong, les chercheurs ont recueilli des informations sur les aspects du sommeil rapportés par les sujets eux-mêmes afin d’obtenir une vue d’ensemble des caractéristiques et des habitudes de sommeil de leurs sujets d’étude. Ces aspects comprenaient la durée du sommeil, la qualité du sommeil, le moment du sommeil, le temps passé au lit et la somnolence diurne excessive. Ils ont comparé ces informations au taux de démence, de maladie d’Alzheimer et d’autres types de déclin cognitif.
Selon les résultats obtenus par les chercheurs, dormir plus de huit heures était associé à un risque de démence 69 % plus élevé, les personnes se couchant à 21 heures ou plus tôt présentant un risque deux fois plus élevé que celles qui se couchaient à 22 heures ou plus tard. Toutefois, ce risque plus élevé a été observé dans le groupe des 60 à 74 ans et principalement chez les hommes ; il y avait une nette différence entre les sexes dans les résultats.
Il est important de noter que les mécanismes impliqués dans cette association entre un risque plus élevé de démence et une heure de coucher plus précoce n’ayant pas encore été fermement identifiés, il n’est pas encore possible d’affirmer qu’il y a un lien de cause à effet ; des recherches supplémentaires sont nécessaires pour prouver le lien de cause à effet. Toutefois, compte tenu de cette forte association, il vaut certainement la peine d’approfondir la question pour voir si le fait de travailler sur les horaires de sommeil et le temps passé au lit peut contribuer à réduire le risque de démence, voire à en ralentir ou en retarder la progression.
La démence et ses facteurs de risque
L’OMS décrit la démence comme un syndrome de déclin cognitif qui va bien au-delà de ce que l’on pourrait considérer comme un produit normal du processus de vieillissement. La démence implique une détérioration significative des processus de réflexion et d’apprentissage, tels que la mémoire, la compréhension, le calcul et l’orientation. Elle peut aller encore plus loin et affecter le langage et la capacité à communiquer, le contrôle des émotions, le contrôle des impulsions et le jugement.
De nature chronique et progressive, en particulier lorsqu’elle est associée à une maladie comme la maladie d’Alzheimer, les personnes atteintes de démence à un stade moyen ou avancé sont généralement incapables d’accomplir avec succès et en toute sécurité des tâches de la vie quotidienne telles que préparer et manger des aliments, s’habiller de manière appropriée en fonction de la situation et du temps ou effectuer régulièrement des tâches d’hygiène de base.
Comme pour beaucoup de maladies et d’affections chroniques de cette nature, il existe de nombreux facteurs de risque, certains étant plus importants que d’autres. L’âge est un facteur de risque important, bien qu’il faille noter que la démence n’est pas une fatalité à laquelle nous devons faire face en vieillissant. Il en va de même pour le risque plus élevé associé aux antécédents familiaux de démence. C’est pourquoi il est si important de réduire le risque par des facteurs que l’on peut contrôler.
Outre les mauvaises habitudes de sommeil, les autres facteurs de risque de démence sont une mauvaise alimentation, une consommation excessive d’alcool, le tabagisme, le manque d’activité physique régulière, un surpoids important ou l’obésité, une mauvaise santé cardiovasculaire et une mauvaise santé métabolique, y compris des problèmes de glycémie et de diabète. La dépression, l’isolement social et le fait de ne pas garder l’esprit actif sont également des risques importants de démence.
Il y a beaucoup à faire pour réduire le risque de démence
Pour réduire le risque de démence plus tard dans la vie, il y a un certain nombre de choses que vous pouvez faire dès maintenant. Les dernières recherches montrant un lien entre l’heure du coucher et la démence, il est important de faire de la qualité du sommeil une priorité. Restez socialement actif et engagé auprès de vos amis et de votre famille. Faites-vous de nouveaux amis de tous âges, par exemple en faisant du bénévolat ou en suivant des cours – c’est particulièrement important à mesure que nous vieillissons. Continuez à apprendre de nouvelles choses. Adoptez un régime alimentaire sain, basé sur des aliments vrais et entiers. Éliminez les aliments ultra-transformés de votre alimentation. Faites de l ‘activité physique tous les jours et sortez le plus souvent possible. Apprenez à gérer votre stress. Prenez plaisir à vivre et concentrez-vous sur la gratitude.